[ Fiche d'information sur le MOX (plutonium) ]
. . . retourne à "Nouvelles nucléaires"
- Les canadiens ne veulent rien savoir de l'importation du plutonium.Communiqué de presse
page 15OTTAWA -- "Le temps est venu d'écouter ce que les Canadiens et les Canadiennes ont à dire au sujet des importations de MOX," a déclaré aujourd'hui Alexa McDonough, la chef du NPD fédéral.
Hier, la ville de Nepean a joint les rangs d'autres importantes municipalités ontariennes qui s'objectent à la proposition du gouvernement fédéral de faire transiter par camion dans leurs localités du combustible MOX, un combustible nucléaire à base d'un mélange d'oxyde d'uranium et d'oxyde de plutonium. Le gouvernement des États-Unis a aussi annoncé qu'il reportait son projet d'expédition de MOX au Canada jusqu'au moment où des audiences publiques complètes auront été tenues sur la question.
"Il est inacceptable qu'une telle initiative représentant de grands dangers pour l'environnement soit lancée sans que la population ou les parlementaires ne l'appuient," a affirmé McDonough. "Les Canadiens devraient avoir la possibilité d'évaluer et de débattre s'ils sont d'accord pour que le Canada devienne le site de destruction des produits nucléaires accumulés par la Russie et les États-Unis pendant la Guerre froide."
Les Libéraux semblent déterminés à aller de l'avant avec ce projet sans demander l'avis des Canadiens. Le ministre des Transport, Ralph Goodale, a déclaré aux résident de Sault Ste. Marie dans une récente lettre que des résolutions adoptées par des conseils municipaux n'empêcheraient pas le fédéral d'utiliser le réseau routier canadien.
"Le transport, l'utilisation et la destruction de produits nucléaires dans notre pays suscitent chez les Canadiens des préoccupations légitimes liées à la sécurité et à l'intégrité du patrimoine environnemental," a déclaré Mme McDonough. "L'accident nucléaire survenu hier à Tokyo souligne combien il est nécessaire d'être très vigilants face à la production d'énergie nucléaire."
Pour de plus amples renseignements,
veuillez communiquer avec Philippe Gagnon
au (613) 995-6693 ou le 720-6463.Veuillez aussi consulter la fiche d'information ci-incluse
FICHE D'INFORMATION SUR LE MOX
- Le projet Parallex est la phase d'essai d'une initiative beaucoup plus vaste dont l'objectif est d'expédier au Canada jusqu'à 100 tonnes de combustible MOX qui seront brûlés dans les réacteurs CANDU pour générer de l'électricité -- un processus qui durera de 20 à 25 ans et qui commencera environ 2005. Jusqu'à maintenant, Ottawa n'a pas envisagé ou examiné d'autres méthodes qui existent et qui seraient moins coûteuses et plus sûres pour ''éliminer'' le plutonium excédentaire provenant d'ogives nucléaires désarmées.
- Le ministre des Affaires extérieures, Lloyd Axworthy, affirme que le Canada va de l'avant avec le projet Parallex parce qu'il veut devenir un chef de file mondial dans le domaine du désarmement nucléaire. Mais les importations de combustible MOX ne permettront pas d'accélérer le désarmement. En fait, ils risquent plutôt de contribuer à la prolifération en augmentant l'usage du plutonium et le commerce international de cette substance.
- En important et en brûlant du plutonium, le Canada deviendra responsable de l'entreposage et de la sauvegarde des déchets nucléaires très radioactifs qui en résultera. Des documents du gouvernement confirment que l'objectif de l'initiative est de démontrer la faisabilité de nombreuses parties d'un plan d'élimination du plutonium à grande échelle, y compris l'entreposage éventuel du combustible nucléaire irradié dans un dépôt souterrain gigantesque.
- Outre l'industrie canadienne du nucléaire qui avait proposé en 1994 d'utiliser le plutonium des ogives nucléaires américaines dans le réacteur Bruce d'Hydro Ontario, personne n'a demandé au Canada d'accepter ce plutonium excédentaire. Lors d'une visite à Moscou en 1996, Jean Chrétien a offert en principe d'utiliser aussi le plutonium russe. Ce projet provoquera la commercialisation du plutonium et non son élimination.
- Énergie atomique du Canada reconnaît que la combustion du plutonium dans les réacteurs ne le détruira pas entièrement. En effet, les deux tiers de la quantité initiale de plutonium seront présents dans le combustible irradié. Si tout le projet se réalise, 60 tonnes de plutonium seront toujours présents - assez pour fabriquer 10 000 armes nucléaires.
- Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Ralph Goodale affirme que le transport de cette substance ne comporte à toute fin pratique aucun risque.
''Le combustible MOX est stable. C'est un solide. Il n'est pas soluble. Il ne peut se répandre. Il ne peut s'enflammer ni brûler, et ce n'est pas de la poudre qui peut être inhalée.''
Mais les documents de l'EACL concernant la stratégie de transport du gouvernement évoquent la possibilité d'un accident de la route qui provoquerait un incendie et causerait un événement radiologique pouvant entraîner la libération d'oxyde de plutonium dans l'atmosphère.
''La population potentiellement exposée comprendrait toutes les personnes vivant sous le panache des gaz jusqu'à une distance de 80 kilomètres dans la direction du vent.''
Canadian Transportation Plan for the Parallex Project
- St. Petersburg to Chalk River Shipment,
Document de l'EACL, 100-37000-TD-005
- Le Plan de transport et d'intervention en cas d'urgence proposé par EACL ne fait aucunement place à un accident ou un incident causé par des terroristes tentant de s'emparer du plutonium.
- Plus on utilisera de plutonium pour des projets non militaires, plus il y en aura en circulation et plus nous courrons le risque que cette substance soit plutôt utilisée pour faire des armes nucléaires. En 1974, l'Inde a surpris la communauté internationale en faisant exploser une bombe atomique faite à partir de plutonium provenant d'un réacteur de recherche -- un cadeau du Canada. En se servant de la technologie de retraitement mise au point aux États-Unis, l'Inde a réussi à séparer le plutonium et à construire sa première bombe atomique.
voir l'article de Gordon Edwards,
Hot Leftovers from a Cold War,
Briarpatch, Juillet/Août 1999.
- L'importation de déchets nucléaires dénoncée.
Le Quotidien
page 15
Le gouvernement fédéral doit-il se soumettre au critère d'acceptabilité sociale? C'est ce que souhaite la députée de Jonquière, Jocelyne Girard-Bujold, critique bloquiste en matière d'environnement.
Dans un communiqué envoyé aux médias en fin de semaine, Mme Girard- Bujold dénonce la décision d'Ottawa d'autoriser l'importation de déchets nucléaires, même si un comité parlementaire s'y est opposé et sans que la population ne soit consultée.
Le fédéral a annoncé récemment qu'il importera du plutonium sous forme de combustible mixte (MOX) afin de le brûler dans les réacteurs nucléaires de l'Ontario. Les résidus de cette opération seront conservés en territoire canadien.
Selon Mme Bujold, le fédéral ne peut passer à outre la position du Comité parlementaire des affaires étrangères qui a rejeté le projet d'importation de déchets nucléaires. Ottawa, soutient-elle, doit tenir un débat Çouvert et transparentÈ.
La notion d'acceptabilité sociale accompagne les projets environnementaux d'envergure. Au Québec, le Bureau des audiences publiques sur l'environnement, par exemple, tient beaucoup compte de l'opinion publique.
- Contamination nucléaire dans une usine en Géorgie.
Agence France Presse
TBILISSI - Une usine de construction de navires à Poti (ouest de la Géorgie) a été partiellement contaminée au césium-137, a indiqué jeudi à l'AFP un responsable du ministère géorgien de l'Environnement.
Trois points de contamination nucléaire ont été détectés sur un dock flottant, avec une concentration de césium-137 dépassant de 100 fois la norme admise, selon le responsable Zourab Keresselidze.
Le césium-137 a été utilisé dans cette usine pour la dernière fois il y a 25 ans dans des appareils destinés à contrôler les joints des navires, selon la même source.
- Greenpeace empêche un convoi de déchets de quitter la centrale.
Agence France Presse
GOESGEN (Suisse) - Le départ d'un convoi de déchets nucléaires qui devait quitter mardi la centrale de Goesgen (centre-nord de la Suisse), pour le centre de retraitement de La Hague (ouest de la France) a été empêché par Greenpeace, a annoncé dans un communiqué l'organisation écologique.
Douze militants de Greenpeace ont posé à 07h15 (5h15 GMT) un bloc de fer d'une tonne et demie sur la voix ferrée d'accès à la centrale nucléaire et quatre d'entre eux se sont enchaînés à cet obstacle métallique.
Un porte-parole de la centrale de Goesgen, Bruno Elmiger, a confirmé à l'agence suisse ATS le blocage. Greenpeace ne se trouve pas sur le site de la centrale et celle-ci ne voit pas de raison de réagir "pour le moment", mais la police est avertie, a-t-il indiqué.
Par cette action, l'organisation exige des autorités helvétiques qu'elles renoncent immédiatement à envoyer leurs déchets radioactifs dans les usines de retraitement de France et d'Angleterre.
"En retraitant les déchets radioactifs suisses pour en extraire le plutonium, les usines de plutonium française (de La Hague) et britannique (de Sellafield) contaminent gravement l'Atlantique Nord, ce que la loi suisse interdit".
"Le rapatriement multiplie en outre la quantité de déchets radioactifs devant être rapatriés et stockés en Suisse", selon Greenpeace.
Le Conseil fédéral (gouvernement) avait donné en juin son feu vert à la reprise de ces transports. Ils avaient été interrompus le 8 mai 1998, en raison de la découverte de wagons irradiés.
Après les contrôles d'étanchéité et de radioactivité, ainsi qu'un nettoyage final, le convoi devait être sorti de la centrale et passer la frontière le 1er septembre pour être acheminé à l'usine de retraitement de la COGEMA.
La centrale n'a pas changé ses plans: les préparatifs pour le transport se sont terminés lundi. Le convoi qui doit franchir la frontière mercredi est le premier de quatre transports prévus.
- Jospin promet ''un grand débat démocratique'' sur le nucléaire.
Agence France Presse
LA ROCHELLE (France) - Le Premier ministre français Lionel Jospin a promis dimanche à La Rochelle (sud-ouest) "un grand débat scientifique et démocratique" sur la place de l'énergie nucléaire dans le futur, accédant ainsi à une demande des Verts (écologistes).
Après avoir expliqué que "le nucléaire n'est pas un tabou", M. Jospin a indiqué devant l'Université d'été du Parti socialiste réunie à La Rochelle qu'il "consoliderait" les progrès accomplis en matière de transparence en "présentant un projet de loi sur la transparence d'ici la fin de l'année".
"Quant à la place de l'énergie nucléaire dans le futur, quant à la question majeure du renouvellement du parc des centrales nucléaires", a poursuivi le chef du gouvernement, "je n'ai aucun mal à prendre l'engagement qu'aucune décision de cette importance ne saurait être prise sans un grand débat scientifique et démocratique qui permettra d'examiner toutes les conséquences des choix possibles et de peser tous les arguments".
Le ministre écologiste de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement Dominique Voynet avait demandé au début de la semaine un "débat public et large" sur l'énergie nucléaire.
A Perpignan (sud) Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur et président du Mouvement des citoyens (MDC), petite formation de la majorité gouvernementale de gauche, a, pour sa part, estimé dimanche qu'"il faut faire l'EPR", le réacteur nucléaire du futur, dans son discours de clôture de l'université d'été du MDC.
"Il faut faire l'EPR, mais faisons-le plutôt avec la Chine, l'Inde, le Japon, les Etats-Unis même, mais pas avec (l'allemand) Siemens", a déclaré M. Chevènement.
En juillet, Siemens et les français Framatome et Electricité de France (EDF) avaient signé un accord sur le développement du réacteur nucléaire du futur, l'EPR (European pressurized water reactor).
A l'étude depuis 1989, l'EPR est prêt sur le papier, mais la décision de construire un prototype traîne en longueur. Il est plus ou moins acquis qu'il sera accueilli par la France. La Russie avait été un temps également évoquée.
Censé servir au renouvellement du parc nucléaire de part et d'autre du Rhin, ce nouveau réacteur à eau pressurisée est aussi remis en question en Allemagne, depuis l'arrivée du gouvernement social-démocrate/Vert à l'automne 1998.
Le ministre de l'Intérieur a jugé "conforme à l'intérêt national" de remplacer le moment venu les centrales qui seront devenues obsolètes.
Pendant ce temps, les Verts réunis ce week-end en Conseil national interrégional (Cnir) à Lorient (ouest) ont formellement réaffirmé leur intention de sortir du gouvernement s'il entreprenait la construction d'un réacteur EPR.
Le Cnir, le "parlement" du parti, a adopté une motion présentée par son collège exécutif affirmant que "toute décision du gouvernement de construction d'une tête de série EPR signifierait l'engagement du gouvernement dans la relance de la politique nucléaire, constituerait une violation profonde de l'accord Verts-PS et entraînerait immédiatement la sortie des Verts de la majorité plurielle et du gouvernement".
- Fuite de tritium à la centrale de Pickering mène à une fermeture.
Le Droit, page A18
La direction de la centrale nucléaire de Pickering a dû fermer sa génératrice numéro six, dimanche, en raison d'une fuite de tritium dans le lac Ontario et dans l'air ambiant entourant la centrale. « Il s'agit d'une fuite relativement mineure. La quantité déversée est bien en deçà des limites permises », a tenu à dire Pierre Tremblay, directeur des opérations et de l'entretien à la centrale de Pickering.
Cependant, cet incident a alerté une fois de plus les détracteurs de l'énergie nucléaire, qui réclament de l'organisme chargé de réglementer le secteur, l'Ontario Power Generation, qu'il ferme une fois pour toutes la centrale nucléaire de Pickering.
« Toute fuite en provenance d'une centrale nucléaire [du type CANDU] contient du tritium, une substance cancérigène. Toute espèce de fuite de cette substance sème l'inquiétude parce qu'on ignore quels en sont les effets à long terme sur la santé », a soutenu Irene Kock, membre de l'association Nuclear Awareness Project. La fuite représentait de trois à six kilos d'eau lourde à l'heure.
- La Canada conservera les déchets de plutonium américain.
La Presse, page B1
Ottawa a donné l'assurance au gouvernement américain que les surplus de plutonium utilisés dans les réacteurs nucléaires de l'Ontario demeureront au Canada pour toujours.
Selon une note de service du ministère des Affaires étrangères datant de 1995 et obtenue par le quotidien torontois The Globe and Mail, si le Canada se sert du plutonium comme carburant de ses réacteurs nucléaires, il est prêt à conserver les déchets dangereux associés à cette utilisation, et ce, même si le pays n'a toujours pas de lieu d'entreposage à long terme prévu pour ce type de produits.
Le document de source gouvernementale a été obtenu par le quotidien en vertu de la Loi d'accès à l'information.
Le gouvernement fédéral manoeuvre depuis cinq ans en vue de pouvoir brûler jusqu'à un maximum de 100 tonnes de plutonium, issu d'armements nucléaires des États-Unis et de la Russie, dans les réacteurs nucléaires de l'Ontario.
Les réacteurs ontariens utilisent de l'uranium, mais il serait possible, grâce à quelques modifications, de le remplacer par du plutonium.
- Ottawa discrètement approuve l'entreposage des déchets nucléaires
La Presse
Le gouvernement fédéral a discrètement approuvé le projet controversé d'entreposage à sec du carburant usé hautement radioactif provenant de la centrale nucléaire de Bruce, en Ontario.
Le projet, mis de l'avant par la Ontario Power Generation, l'ancienne Hydro Ontario, a reçu le feu vert de la ministre fédérale de l'Environnement, Christine Stewart, le 14 avril.
La décision fédérale n'a fait l'objet d'aucune annonce publique le jour même, mais le projet de site d'entreposage à sec du carburant usé de Bruce avait subi un long processus d'audiences publiques à la fin de l'année dernière.
Si la décision a finalement été rendue publique mercredi, c'est parce que les avocats et les représentants du ministère ont conclu que la lettre de Mme Stewart à la Commission de contrôle de l'énergie atomique (CCEA), approuvant le projet, était du domaine public et non un document confidentiel.
ÇJ'en suis venue à la conclusion que le projet aurait un impact limité sur l'environnementÈ, écrit Mme Stewart dans sa lettre envoyée à Agnes Bishop, présidente de la CCEA, et dont le quotidien Sun Times à obtenu copie.
La ministre écrit également que la CCEA devra superviser la situation pour voir comment Ontario Power s'occupera de réduire les impacts environnementaux du site, considéré comme temporaire en attendant qu'un site permanent ne soit trouvé.
Selon une porte-parole de la Commission, la construction de l'entrepôt devrait commencer à l'automne et devrait comporter une nouvelle ronde d'audiences publiques.
L'Agence canadienne de protection de l'environnement a également entrepris une étude du site proposé, qui s'étendra sur 4,5 hectares.
Plus de 700 000 faisceaux de tiges de carburant hautement radioactives seront entreposés dans 1240 conteneurs spéciaux fabriqués de béton et d'acier.
- Du plutonium des vieux missiles sur Ville-Marie?
ICI (Montréal)
par Christian Huot
Le plutonium vous connaissez? Vous feriez mieux, parce que ça s'en vient par chez vous. . . .
Énergie Atomique Canada Limitée (ÉACL), dans son nouveau délire atomique, est en effet sur le point de se mettre à importer le plutonium des vieux missiles américains et soviétiques pour tenter de l'utiliser dans ses vacillants réacteurs CANDU.
Un convoi américain est prévu pour décembre. Un russe vers avril. Montréal risque fort d'être sur le chemin.
«Il n'est pas prévu que nous fassions connaître la route du convoi au public» affirme toutefois avec nonchalance John Saroudis, chef d'établissement de ÉACL à Montréal, qui admet quand même que le transport se fera par bateau et camion.
Aux États-Unis, les autorités doivent avertir le public lorsque des matières radioactives sont transportées. Au Canada toutefois , les autorités sont peu enclines à partager les détails de leurs ambitions nucléaires.
«Même si vous me contactez quand la route sera fixée, je ne sais pas si je vais pouvoir vous la dévoiler».
Gordon Edwards, mathématicien et président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, croit toutefois que les chances que le convoi russe passe par Montréal sont bonnes. «Où d'autre passerait t'il?
Le St-Laurent est la voie d'accès de premier choix. Pour un convoi aussi stratégique, ils voudront aussi avoir les mesures de sécurité d'un grand centre. Et le port de Montréal gère déjà une bonne quantité d'uranium. Montréal est un choix logique.»
Le secret du projet est bien gardé par ÉACL. En fait, même chez Environnement Canada, personne ne semblait en avoir entendu parler.
Pour le moment, le projet est expérimental. Les deux premiers envois (de quelques centaines de grammes) seront testés à la centrale de Chalk River en Ontario. Au terme du projet, ÉACL espère avoir prouvé qu'il est intéressant de produire de l'énergie avec du plutonium. Présentement, les centrales canadiennes n'utilisent que de l'uranium, comme la très grande majorité des centrales nucléaires du monde. «Chrétien a poussé très fort pour que ce projet ait lieu.» explique Kristen Ostling, coordonnatrice du groupe Campagne contre l'expansion du nucléaire.
Ironie de l'histoire, Pierre Trudeau souhaitait voir l'abolition de cette substance. Pourquoi? Peut-être parce que cette substance artificielle est ce qu'il y a de plus toxique sur Terre. Quelques milligrammes inspirés vous vaudraient une mort horrible en quelques mois.
Edwards avertit aussi qu' «outre son extrême toxicité, un des grands problèmes avec le plutonium c'est que lorsqu'on met la main dessus, il est très facile de fabriquer une arme nucléaire, ce qui n'est pas du tout le cas avec l'uranium.» Élément par excellence de la Bombe, le plutonium est très convoité par les organisations terroristes qui ne manquent pas, on s'en doute, de projets farfelus pour l'utiliser. Un autre problème, disent les critiques, est que le Canada se trouve en quelque sorte à importer des déchets nucléaires russes et américains. Une fois «brûlé», le combustible reste en effet ici. «Et les déchets de plutonium sont encore plus dangereux et plus difficiles à gérer que ceux de l'uranium» ajoute Ostling.
Saroudis, quant à lui, semble avoir bien compris les préoccupations des écologistes: «On fait du recyclage de combustible».
Si les tests marchent comme prévu, «et ils vont nous dire que ça marche» ironise Edwards, le commerce ne se comptera plus en quelques centaines de grammes. Au cours des 25 prochaines années, c'est plus de 100 tonnes de plutonium russe et américain qui se retrouveront ici.
Pourtant, l'industrie du nucléaire est en crise majeure au Canada. La dernière centrale a été construite en 78 et cet été, Hydro Ontario a dû admettre des problèmes de sécurité sérieux dans ses centrales et se résigner à en fermer sept. Le projet de plutonium, affirme Ostling, «justifierait de nouveaux investissements et permettrait de garder l'industrie nucléaire canadienne en vie. Industrie sans laquelle le gouvernement devrait renoncer à son commerce de réacteurs CANDU à l'étranger. » On commence à comprendre.
Une fois le processus entamé, Ostling craint qu'il ne devienne irréversible. «On est en train de s'engager sérieusement. Après avoir poussé si fort pour le projet, ça va être difficile de retourner voir les Russes ou les Américains pour leurs dire que ça ne nous tente plus. Je ne pense pas qu'ils trouveraient ça drôle»
- Hydro Ontario aurait détourné une surtaxe pour payer sa dette.
Presse Canadienne
Le
Droit - Ottawa
Selon Rick Jennings, du ministère de l'Énergie et de l'Environnement de l'Ontario, la société d'État a recueilli 2,6 milliards $ au cours des 10 dernières années en prélevant une surtaxe de deux cents le kilowatt d'électricité produite.
Cette somme devait servir éventuellement à défrayer les coûts reliés à la mise au rancart des réacteurs nucléaires après 40 ans de vie utile, a expliqué M. Jennings au Toronto Sun.
Mais selon le fonctionnaire, Hydro Ontario a plutôt utilisé cette somme pour «investir dans l'entreprise», en réduisant son énorme dette - environ 33 milliards $. «Si Hydro ne l'avait pas fait (utiliser les 2,6 milliards $), la dette serait supérieure d'autant», a-t-il soutenu.
Selon lui, la somme de 2,6 milliards $ devra être récupérée un jour, mais entre-temps, la société d'état devra emprunter si elle décide de fermer prématurément un ou plusieurs de ses 20 réacteurs nucléaires.
Un rapport extrêmement sévère rendu public la semaine dernière et rédigé par des consultants indépendants a mené à la démission du président d'Hydro Ontario, Allan Kupcis, et à la fermeture temporaire de sept réacteurs nucléaires.
Dans leur rapport, les consultants estimaient que le secteur nucléaire d'Hydro Ontario avait été bien mal géré, sans toutefois remettre en question la sécurité des centrales nucléaires.
- Gentilly II ne fera pas son temps :
Une usure précoce exigera de coûteux travaux d'entretien.
Le Devoir
par Marc Cassivi
La centrale nucléaire Gentilly II devra fermer ses portes prématurément à moins qu'Hydro-Québec n'y investisse au moins 500 millions, sinon beaucoup plus, en réparations d'ici 2008.
Construite au coût de 1,3 milliard en 1980, la centrale Gentilly II, en opération depuis 1983 à Bécancour, près de Trois-Rivières, devait initialement connaître un cycle de vie de trente ans. L'usure précoce des tubes de force, situés au coeur du réacteur CANDU, réduira cependant la durée de vie utile du réacteur d'au moins cinq ans. Les tubes de force devront en effet être remplacés d'ici six à onze ans, plutôt qu'en 2013, afin d'assurer une exploitation sécuritaire et efficace de la centrale.
«L'espérance de vie théorique d'une centrale nucléaire est de trente ans, affirme Denis Pelletier, directeur de la production thermique et nucléaire à Hydro-Québec. Nous savons cependant que les tubes de force ont une espérance de vie moindre, de vingt à vingt-cinq ans selon nos pronostics.»
Il en coûtera au minimum un demi-milliard à Hydro-Québec pour procéder au remplacement de ces tubes de force, élément essentiel au bon fonctionnement du réacteur CANDU 6, afin d'en assurer le prolongement de vie d'environ vingt ans. Il est probable cependant que d'autres structures importantes du réacteur, tels les générateurs de vapeurs, nécessitent également des réparations, se traduisant par des investissements supplémentaires de plusieurs centaines de millions de dollars, sinon de plus d'un milliard.
«S'il faut remplacer d'autres systèmes que les tubes de force, l'exploitation de la centrale pourrait ne plus être rentable d'un point de vue économique, explique M. Pelletier. Il est difficile d'évaluer l'ampleur des coûts. Je ne veux pas dire the sky is the limit, mais...»
Récemment, en raison de coûts de production relativement bas, Gentilly II a été désignée la quatrième centrale la plus performante parmi les quelque 130 centrales nucléaires d'Amérique du Nord. Ses coûts d'exploitation annuels sont de 79 millions, précise M. Pelletier, et ses revenus de 250 millions.
Selon le dernier rapport de la Commission de contrôle de l'énergie atomique, déposé en juin, la centrale Gentilly II demeure également pour l'instant parmi les plus sécuritaires. La World Association of nuclear operators (W.A.N.O.), dans une révision complète des installations, en 1994, constatait que l'état de la centrale était très satisfaisant, souligne M. Pelletier.
Hydro-Québec envisage présentement trois scénarios dans le dossier Gentilly II. À l'expiration du cycle de vie des tubes de force, on pourrait fermer définitivement la centrale, remplacer les tubes en diminuant la production d'électricité, ou encore remplacer les tubes et maintenir la production, ce qui aurait comme conséquence de prolonger la durée de vie du réacteur d'environ vingt ans. La société d'État pourrait en outre avoir à considérer des investissements de plusieurs autres centaines de millions de dollars afin d'assurer le bon fonctionnement des autres équipements de la centrale.
«Gentilly II est rentable. Les installations sont en bon état. Le plus intéressant serait donc de prolonger sa durée de vie, mais pas à n'importe quel prix, croit Denis Pelletier, qui estime qu'une décision devrait être prise d'ici un an. S'il y a trop de changements à effectuer, les efforts n'en vaudront pas la peine.»
Une étude devrait bientôt être commandée par Hydro-Québec afin de déterminer si un projet de recherche et de développement d'une durée de trois ans, estimé au coût de 10 millions, sera mis en branle pour assurer la survie de Gentilly II. Une étude semblable est présentement en cours à la centrale de Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, «la sur jumelle de Gentilly II».
Mardi, Hydro-Ontario annonçait la fermeture de sept de ses réacteurs CANDU dans les centrales de Pickering, Bruce et Darlington. Une décision provoquée par la remise du rapport d'un comité d'experts américains et canadiens et qui devrait coûter à Hydro-Ontario de cinq à huit milliards de dollars d'ici quatre ans. Assumant la responsabilité de la mauvaise gestion des dix-neuf centrales ontariennes, le président d'Hydro-Ontario, Alan Kupcis, annonçait du même coup sa démission à la tête de l'entreprise.
M. Pelletier ne croit pas que des problèmes semblables à ceux que connaît en ce moment Hydro-Ontario surviennent à Gentilly II. «Tout indique que nous devrions nous rendre en 2008 sans forces majeures», dit-il. Cet expert en matière de gestion de l'énergie nucléaire doute cependant fortement qu'Hydro-Québec réinvestisse dans la centrale de Bécancour. «Honnêtement, je ne suis pas très optimiste, dit-il. L'industrie du nucléaire est très affectée par ce qui se passe à Hydro-Ontario, et l'opinion du public devrait jouer un grand rôle dans l'avenir de Gentilly II. Est-ce que de nouveaux investissements seront socialement acceptables? J'en doute.»
- Dans le noir total ! Hydro-Ontario décide de fermer 7 de ses réacteurs.
Le Soleil (Presse canadienne)
par Tom Blackwell
Un plan de redressement de plusieurs milliards de dollars obligera la société d'État à cesser de réduire sa dette et à accroître de 50 % la pollution émanant de ses centrales à combustible fossile, tout en se traduisant probablement par le congédiement de hauts dirigeants, ont fait savoir à Toronto, hier, des responsables d'Hydro-Ontario.
Mardi, le président Allan Kupcis a annoncé qu'il démissionnait de son poste. Mais en dépit de la promesse de jours meilleurs, peu d'observateurs se disaient satisfaits, hier.
Ainsi, les environnementalistes ont estimé que l'impact exercé par ces mesures de redressement sur la qualité de l'air pourrait se révéler désastreux, tandis que les leaders syndicaux critiquaient les lourdes dépenses occasionnées par celles-ci, et que les politiciens, tant locaux que de l'opposition, réclamaient une enquête publique sur l'avenir de la société.
« Ce n'est pas une bonne semaine pour Hydro-Ontario », a observé le premier ministre ontarien Mike Harris, faisant néanmoins part de son soutien au plan de redressement.
« Elle (la société) n'a pas été bien dirigée », a-t-il reconnu.
En conférence de presse, le président du conseil d'administration d'Hydro-Ontario, Bill Farlinger, a pour sa part indiqué que « pendant toutes ces années, le secteur nucléaire était dirigé comme une sorte de culte spécial. La haute direction ne se mêlait pas de ce qui se passait là ».
Dans son rapport, Carl Andognini, spécialiste américain de l'énergie atomique engagé afin de repenser la gestion nucléaire d'Hydro-Ontario, conclut que les réacteurs ontariens demeurent sécuritaires, mais « à des niveaux imperceptiblement acceptables », ce qui signifie qu'ils fonctionnent en deçà des normes de l'industrie et requièrent une attention immédiate.
La société d'État fermera donc sept réacteurs nucléaires - dont quatre situés à la centrale de Pickering, à l'est de Toronto, et trois autres à celle de Bruce, près d'Owen Sound - afin de se consacrer à l'amélioration de ses méthodes de direction et du matériel en place aux 12 autres réacteurs demeurant en service. Elle décidera ensuite de la pertinence de les relancer ou non, a indiqué M. Farlinger.
Le plan de redressement, totalisant de cinq à huit milliards $, ne devrait se traduire par aucune vague de mises à pied, des employés pouvant toutefois être tenus de se soumettre à un transfert. On ne prevoit par ailleurs aucune hausse de tarifs pour les abonnés.
100 000 PLUS
(compteur remis à zéro à minuit, le 2 juillet 1998)