août 2000
Cet été, on s'attend à ce que du plutonium en provenance des armements nucléaires russes et sous la forme de combustible (MOX) pour les réacteurs CANDU soit transporté par avion et par hélicoptère à travers les provinces maritimes et le Québec jusqu'à Chalk River, en Ontario.
Mais on raconte des contes de fées aux CanadienNEs, pas la vérité, pour justifier l'importation de plutonium pouvant servir à faire des armes nucléaires. Voici quelques unes de ces fables:
- «Les expériences à Chalk River vont démontrer si le plutonium peut être éliminé en le brûlant dans les réacteurs CANDU».
Faux. L'Académie des Sciences des États-Unis a révélé en 1994 qu'il n'y avait aucune technologie pouvant éliminer le plutonium.
Les scientifiques à Énergie atomique du Canada, Limitée (ÉACL) ont eux-mêmes souligné en 1997: «L'objectif... n'est pas de détruire le plutonium... Le contenu initial de plutonium est réduit d'à peu près le tiers...»
La grande partie de ce plutonium va devenir propriété canadienne à perpétuité.
- «Après avoir été brûlé dans un réacteur, le plutonium est inutilisable pour faire des armes.»
Faux. Le plutonium peut être extrait et réutilisé n'importe quand.
Il est vrai que la radioactivité du combustible irradié rend l'extraction difficile, mais pour atteindre cet objectif, pas besoin de réacteurs nucléaires, on peut tout simplement mélanger le plutonium avec d'autres déchets nucléaires. Les deux façons de procéder offrent une sécurité comparable.
- «Le plutonium dans le nouveau combustible MOX n'est pas attrayant pour les voleurs.»
Faux. Des experts aux États-Unis affirment que le MOX doit être gardé aussi précieusement qu'une ogive nucléaire, car on peut facilement extraire le plutonium pour l'utiliser dans une bombe nucléaire ou un engin à dispersion radiologique.
Ce dernier peut tuer des milliers de personnes au moyen d'émanations toxiques provenant de la vaporisation d'une infime quantité de plutonium.
- «Importer du plutonium de Russie fait en sorte qu'il est protégé du vol.»
Faux. Il y aura des tonnes de plutonium russe qui sera recyclé dans les réacteurs russes, seulement une fraction viendra au Canada; la circulation du plutonium en Russie le rend plus vulnérable au vol.
De plus, l'exemple du Canada peut très bien influencer l'utilisation du plutonium dans les pays qui possèdent un CANDU, comme l'Inde, le Pakistan, la Corée, l'Argentine, et la Roumanie, ce qui multipliera les occasions pour que du plutonium soit volé.
- «C'est le devoir de désarmement du Canada que d'éliminer le plutonium.»
Faux. Ottawa mendie l'utilisation de plutonium pouvant servir aux armes nucléaires pour des raisons plus commerciales qu'altruistes; personne n'a demandé au Canada de faire ça.
Ottawa n'a aucune politique d'élimination du plutonium; il approuve l'accumulation des stocks de plutonium (par exemple en France et au Japon). Une grande partie du plutonium dans le monde provient de l'uranium extrait en Saskatchewan, avec la bénédiction d'Ottawa. Tout ce plutonium peut être utilisé pour faire des bombes.
- «Les contenants de MOX d'ÉACL peuvent résister à tous les accidents.»
Faux. Il est illégal de transporter du plutonium par voie aérienne aux États-Unis parce que des contenants de type ''C'' -- capables de résister à de graves écrasements d'avions -- n'existent pas encore.
ÉACL utilise des contenants de type ''B''; dans quatre catégories d'accidents analysés sur huit, ces contenants ont été détruits et la contamination s'est répandue sur 80 kilomètres dans le sens du vent.
Les probabilités augmentent quand de tels transports continuent pendant 25 ans et que des criminels essaient de s'en emparer.
- «Le plutonium est si peu radioactif qu'il ne pose aucun danger.»
Faux. Comme le radium ou le gaz radon, le plutonium émet de la radiation alpha qui est mortelle.
Il est exact de dire que les rayons alpha ne peuvent traverser une feuille de papier, donc (comme l'arsenic ou e-coli) ils sont inoffensifs à l'extérieur de l'organisme. Mais en contact avec des cellules vivantes, les rayons alpha sont beaucoup plus dommageables que les rayons gamma, beta ou les rayons-x. Inhalé, le plutonium est un agent cancérigène extrêmement efficace, comme des expériences sur les animaux ont montré à plusieurs reprises.
Quand ces faussetés sont présentées de vive voix ou imprimées, et elles le sont fréquemment, Ottawa ne fait aucune correction. Pourquoi le gouvernement est-il si peu respectueux de la vérité?Dans un mémoire envoyé au premier ministre Trudeau en 1977, intitulé "Time To Stop and Think" («C'est le temps de faire une pause et de réfléchir»), le Regroupement pour la surveillance du nucléaire mettait l'emphase sur les problèmes associés au recyclage du plutonium. Nous demandions à Ottawa de mener une enquête nationale sur les dangers et les bénéfices du nucléaire, de façon à séparer les faits de la fiction pour le bien-être de touTEs les CanadienNEs.
23 ans plus tard, nous attendons toujours qu'il pointe une lueur de lumière en provenance de la sombre tour sur la colline parlementaire.
Réticent à se départir graduellement du nucléaire, comme le font l'Allemagne, la Suède et la Suisse, notre gouvernement continue à dépenser d'énormes quantités des argents des contribuables pour que les affaires du CANDU puissent se poursuivre, sans consulter l'électorat et sans même lui dire la vérité.
Gordon Edwards, Ph.D., président,
Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
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