Déclaration de la Conférence
Énergie et développement viable

Montréal 1989

le 17 septembre, 1989


Appel au bon sens mondial:

«Un choix pour la vie -- avant l'an 2000»



La clef de la prospérité globale pour l'avenir réside dans une gestion saine de l'énergie et dans l'utilisation de sources renouvelables et abondantes d'énergie. Contrairement à ce qui apparaît dans le programme technique de la Conférence mondiale de l'énergie, elle ne réside pas dans la dépendance envers le pétrole, le gaz, le charbon, l'uranium, le plutonium, ou la dépendance envers des mégaprojets hydroélectriques tels celui de la Baie-James (Québec) dont les retombées sont désastreuses pour l'environnement et l'économie.

C'est la conclusion à laquelle sont arrivés les participants à la conférence Énergie et développement viable tenue à Montréal du 14 au 17 septembre 1989. C'est dans cet esprit que la conférence Énergie et développement viable a lancé un plan d'action au niveau global intitulé «Un choix pour la vie -- avant l'an 2000» dont l'objectif est de faire adopter ces principes par le plus grand nombre de gouvernements possible d'ici l'an 2000.

Une telle conclusion n'a rien de nouveau. Nombre d'etudes effectuées dans plusieurs pays au cours des quinze dernières années démontrent que la réduction de la demande (grâce à des améliorations au niveau de l'efficacité) est la stratégie énergétique la moins coûteuse qui soit, la plus sûre, la plus douce pour l'environnement et la plus bénéfique au point de vue économique. Toutefois, peu de gouvernements investissent argent, ressources et main d'oeuvre, pour la saine gestion de l'énergie.

Le leadership en matière énergétique ne doit plus être exercé par l'industrie d'approvisionnement qui ne cherche qu'à réaliser des profits en vendant ce qu'elle considère un produit de consommation comme les autres, mais par le secteur public. Nous avons une conscience collective de ce qui doit être fait, mais nous n'avons pas encore la volonté collective de le faire. Cet état de choses doit changer et ce, rapidement. L'élément nouveau qui apparaît maintenant est notre détermination d'effectuer ces changements, et cela par le biais de la campagne «Un choix pour la vie -- avant l'an 2000».

Attendre que les experts en énergie favorisent le développement d'une société énergétiquement viable, c'est attendre que l'industrie du tabac incite les gens à cesser de fumer, car la plupart de ces experts ont un parti pris pour l'approvisionnement. La formulation d'une politique énergétique ne doit donc pas relever de tels experts. Le débat doit avoir lieu sur la place publique afin de permettre à tous les intervenants d'émettre leurs solutions au problème. Ce débat doit avoir lieu dès maintenant. De plus, les critères menant à l'adoption de chaque solution doivent refléter l'impartialité et l'équité. Enfin, ces critères ainsi que les solutions qui seront adoptées doivent aussi faire l'objet d'une évaluation publique.

Depuis l'embargo arabe sur le pétrole en 1973, la question de la politique énergétique a beaucoup attiré l'attention. Ce qui était à l'origine un problème de sécurité d'approvisionnement a cependant évolué en un problème de survie. Il devient de plus en plus évident que nos politiques énergétiques actuelles ne sont pas viables, non seulement parce que les réserves pétrolières s'épuisent, mais aussi parce que l'environnement pourrait être irrémédiablement détruit. Nous ne disposons que de dix ans pour changer de direction et nous orienter sur la bonne trajectoire. Nous avons gaspillé les dix dernières années à attendre un miracle; il est temps d'agir et de rompre le statu quo. It faut bâtir dès maintenant le pont qui mènera à un avenir viable.

Les participants à la conférence Énergie et développement viable croient que la viabilité de la civilisation est maintenant controntée à trois problèmes majeurs: la degradation de l'environnement planétaire, l'instabilité de l'économie mondiale et le manque d'équité entre les peuples du monde.

Le plan d'action «Un choix pour la vie -- avant l'an 2000» élaboré par les participants de la conférence réprésente la meilleure façon d'entreprendre rapidement et efficacement le redressement de la situation. Aucun des scénarios fondés sur l'approvisionnement en énergie ne réduira les pluies acides et les gaz causant l'effet de serre aussi rapidement qu'une stratégie fondée sur une gestion efficace de l'énergie renouvelable. Un tel plan d'action serait moins coûteux et procurerait plus d'emplois et d'avantages économiques, libérant des revenus pouvant être investis dans la stimulation de la croissance économique. Finalement, une telle stratégie favoriserait les gens les plus démunis qui dépensent proportionnellement plus de revenus en énergie que les plus nantis ainsi que les pays défavorisés où se trouvent souvent plus de ressources énergétiques renouvelables que dans les nations industrialisées.

Les obstacles à l'implantation d'un tel plan d'action ne sont pas techniques ou économiques, mais sociaux et politiques. Les gouvernements doivent commencer à écouter la population et non l'industrie d'approvisionnement uniquement. S'il doit y avoir des mégaprojets, que ce soient des mégaprojets de conservation qui permettent une décentralisation des avantages économiques. Les gouvernements doivent toutefois s'assurer de disposer de l'expertise et du financement nécessaires avant d'entreprendre tout projet de cette envergure. Les gouvernements doivent arrêter de subventionner des solutions sans issue tels les mégaprojets axés sur l'exploitation des combustibles non- renouvelables ou sur le développement de l'industrie du nucléaire. Si nous ne faisons pas les premiers pas dès maintenant, un avenir viable ne sera peut-être plus possible.


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