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Le 8 octobre 1999
À qui de droit:
Objet : Transport de plutonium par le St-Laurent J'aimerais par la présente attirer votre attention sur un projet qui pourrait avoir de lourdes conséquences à l'échelle mondiale. Énergie atomique du Canada limitée, une société de la Couronne, prévoit importer jusqu'à 100 tonnes de plutonium militaire en provenance de Russie et des États-Unis au cours des 25 prochaines années. Ce plutonium provient du démantèlement d'ogives nucléaires.
Le premier envoi de plutonium en provenance de Russie, prévu cet automne, partirait de Saint-Pétersbourg passerait par la voie maritime du St-Laurent jusqu'au port de Cornwall (ou encore par Halifax), d'où il serait acheminé par camion jusqu'à Chalk River, en Ontario. Un envoi américain, en provenance du Nouveau-Mexique, arriverait aussi par camion. Il entrerait par Sault Sainte Marie et passerait par Sudbury et North Bay pour se rendre à Chalk River. Le but de ces 2 premiers envois est de faire des essais afin déterminer les caractéristiques particulières du combustible au plutonium dans les réacteurs CANDU, avant de procéder à l'importation d'une centaine de tonnes de plutonium pour le «brûler» dans des réacteurs CANDU en Ontario.
Dans le but de «contribuer à la paix dans le monde», le Premier Ministre Jean Chrétien a proposé le projet à Moscou sans aucune consultation publique et sans aucun mandat de son gouvernement ou de son parti. Dans son rapport déposé en décembre 1998, le Comité permanent des Affaires étrangères et du Commerce international chargé de se pencher sur le rôle du nucléaire au Canada a recommandé au gouvernement «de rejeter l'idée de brûler le combustible à oxyde mixte (MOX) au Canada, puisque cette option est tout à fait irréalisable» (Recommandation 8). Cette recommandation a été rejetée en avril 1999 par le Cabinet Chrétien.
Le projet d'importation de plutonium militaire est tout à fait irresponsable pour les raisons suivantes:
- d'abord, il existe une autre solution préconisée par les experts. On l'appelle «immobilisation» ou encore «vitrification». Il s'agit de mélanger le plutonium militaire aux déchets liquides hautement radioactifs d'où ils sont issus pour ensuite vitrifier le tout en d'énormes blocs lourds à déplacer et extrêmement radioactifs. Ces blocs rendus inaccessibles seraient ensuite placés sous haute garde internationale. Cette solution est plus rapide et moins coûteuse; elle n'implique pas la commercialisation du plutonium et contribue vraiment au désarmement.
- «brûler» du combustible au plutonium (aussi appelé «MOX» ou «combustible à oxydes mixtes» par l'industrie nucléaire) dans un réacteur n'élimine pas le plutonium: il en reste encore de 1/3 à 2/3 dans les déchets hautement radioactifs qui en résultent. Le Canada serait le propriétaire et le gestionnaire de ces déchets nucléaires à perpétuité.
- la santé et la sécurité des équipages des bateaux transporteurs et de la population le long des routes et près des centrales seraient indûment mis en danger, non seulement à cause de la haute toxicité du plutonium -- quelques microgrammes dans les poumons causent un cancer certain -- mais aussi à cause du fait que cette substance serait convoitée par le crime organisé, qui n'hésiterait pas à s'en accaparer de force pour le vendre, puisque quelques kilogrammes de plutonium suffisent à fabriquer une puissante bombe atomique. On a installé des canons sur le pont du bateau qui a récemment transporté du combustible au plutonium de l'Europe au Japon : un précédent dans l'histoire de la marine marchande moderne.
- au lieu de contribuer au désarmement, un tel projet encourage la commercialisation mondiale du plutonium et donc la prolifération des armes nucléaires. Si on se met à manipuler, emballer, transformer et transporter le plutonium à travers le monde, on contribue à faire de la planète un endroit dangereux. On encourage aussi des pays tels que la Chine, le Japon, la Russie, l'Inde, la France et l'Angleterre à poursuivre leur propre programme d'utilisation du plutonium comme combustible. Participer à ce projet donne aussi un message clair aux pays qui ont acheté des réacteurs CANDU : si le Canada utilise le plutonium comme combustible, alors ils pourraient aussi en faire autant. Nous croyons qu'il faut plutôt arrêter le trafic mondial de cette dangereuse substance.
- le plutonium est aussi très toxique: d'après la Commission de contrôle de l'énergie atomique, la quantité maximale «acceptable» dans les poumons d'un travailleur du nucléaire est de 1,4 microgramme. Cela veut dire en principe que même le premier envoi de 132 grammes pour les essais contiendrait assez de plutonium pour 94 millions de doses. En d'autres termes, un accident impliquant même une petite quantité de cette substance peut avoir des effets significatifs. Dans les documents remis à Transports Canada, EACL reconnaît comme crédible un scénario qui impliquerait un incendie dans lequel le combustible au plutonium s'échapperait de son contenant et se répandrait dans l'air pour contaminer des individus qui pourraient se trouver sur le passage de la fumée en aval de l'incendie et ce, jusqu'à 80 km du lieu de l'accident. Un tel accident est invraisemblable, mais s'il se produisait, les conséquences seraient graves et il faudrait supporter les conséquences pendant très longtemps, puisque la période (ou demi-vie) du plutonium est de 24 000 ans.
Une seule des raisons énumérées ci-haut serait suffisante pour justifier des audiences publiques. De nombreuses voix se sont déjà fait entendre au Canada contre ce projet:
Le professeur Franklyn Griffiths de la Chaire George Ignatieff de l'Université de Toronto a été chargé par le gouvernement de rédiger un rapport sur la faisabilité du projet. Il a consulté tant les promoteurs que les détracteurs du projet et a conclu que le projet devrait être «jeté aux oubliettes» («consigned to oblivion ») parce qu'il n'apporte rien au Canada et aux Canadiens en termes de contribution à la paix mondiale et occasionnerait d'énormes coûts. Le rapport du professeur Griffiths peut être consulté sur notre site WEB.
- l'Association canadienne des municipalités a adopté une résolution demandant au gouvernement de tenir compte de la recommandation numéro 8 du Comité parlementaire qui recommande d'abandonner le projet; sinon, l'Association enjoint le gouvernement de ne pas prendre de décision par rapport à sa politique sur le plutonium avant d'avoir tenu de vastes audiences publiques sur le projet dans son ensemble.
- la Conférence internationale des maires des Grands-Lacs et du Saint-Laurent a adopté une résolution enjoignant le gouvernement à ne pas procéder au projet d'importation avant qu'il n'y ait eu une consultation publique exhaustive.
- plusieurs villes ontariennes sur la route de transport ont adopté des résolutions municipales visant à arrêter ce projet dans son ensemble. Citons entre autres les municipalités de Cornwall, Nepean, North Bay, Sudbury, Thessalon et Sault Sainte Marie.
- l'Association internationale des pompiers a émis un communiqué déclarant ne pas être équipée pour composer avec un tel accident.
Nous aimerions attirer votre attention aux deux documents touchant le trajet de Saint-Pétersbourg à Chalk River remis à Transports Canada par le promoteur du projet, EACL:
Ces documents sont accessibles sur le site WEB de Transports Canada. Ce ministère invite le public à envoyer ses commentaires avant le 15 octobre. C'est la seule occasion donnée aux gens de se prononcer sur ce transport. Nous vous encourageons donc à leur écrire, à tout le moins pour manifester vos préoccupations et pour dénoncer le manque de tout processus démocratique. Nous croyons qu'il est important d'arrêter ce projet dès le début, avant qu'il ne soit trop tard.
- Plan de transport au Canada pour le Projet PARALLEX : Transport de Saint-Pétersbourg à Chalk River, 100-37000-TD-004F
- Plan d'aide en cas d'urgence d'EACL pour le Projet PARALLEX : Transport de l'envoi de Saint-Pétersbourg à Chalk River, 100-37000-TD-006F
Le Regroupement pour la surveillance du nucléaire ( Canadian Coalition for Nuclear Responsibility ) est un organisme sans but lucratif préoccupé par tous les aspects du nucléaire au pays et dans le monde. Nous intervenons depuis une trentaine d'années auprès de commissions de toutes sortes. Nous sommes souvent invités par des municipalités, écoles, syndicats, organismes et groupes de citoyens pour présenter notre analyse de tous les aspects du nucléaire. Nous avons un mandat éducatif. Une abondante documentation sur ce projet entre autres est disponible sur notre site WEB. Nous adhérons à la Campagne contre l'expansion du nucléaire, qui regroupe environ 300 organisations canadiennes.
Nous croyons que le projet ne devrait pas avoir lieu. Comme cet avis n'est pas partagé par tous, nous croyons que le projet ne devrait pas procéder avant qu'il y ait eu une vaste consultation publique sur tous les aspects de ce projet; non seulement sur la question du transport, mais aussi sur le bien-fondé du projet en général.
Nous serions heureux de pouvoir vous fournir tout renseignement complémentaire. Si vous n'avez pas accès à l'Internet, nous pourrions vous faire parvenir des documents part la poste ou par télécopieur sur simple demande.
Dans l'espoir que ces renseignements vous seront utiles, nous vous prions d'agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.
Le porte-parole Le président Marc Chénier Gordon Edwards
ADRESSES UTILES
Pour de plus amples renseignements :
- Gordon Edwards, Ph.D., le président du
Regroupement pour la surveillance du nucléaire
(Canadian Coalition for Nuclear Responsibility)
Tél. et téléc. : 514-489-5118; pagette 853-5736; ccnr@web.net
- Marc Chénier, B.Sc., porte-parole du
Regroupement pour la surveillance du nucléaire
Tél. 514-527-2712; mchen@web.net
- Kristen Ostling, coordonatrice de la
Campagne contre l'expansion du nucléaire,
Tél. 613-789-3634; téléc. 613-241-2292; cnp@web.net
Quelques sites WEB
- Notre site WEB: www.ccnr.org
- Le rapport du Professeur Franklyn Griffiths : www.ccnr.org/mox_griffith_1.html
- Le site WEB de la Campagne contre l'expansion du nucléaire : www.cnp.ca
- Le site WEB de Transports Canada : www.tc.gc.ca/tdgoods/info/
Envoyez-leur vos commentaires jusqu'à minuit, le 15 octobre :
Documentation de l'essai Parallex
Direction générale du transportdes marchandises dangereuses
Transports Canada, Place de Ville, 9e étage
330, rue Sparks, Ottawa (Ontario), K1A 0N5Courriel: mox@tc.gc.ca
Télécopieur: 613-990-2917
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